Face à une pénurie de sucre qui sévit dans les marchés camerounais, les prix s’envolent et l’objectif du gouvernement de ne pas importer de sucre cette année est remis en cause. Les fêtes de fin d’année approchent, accentuant les inquiétudes des consommateurs et des commerçants face à une situation qui pourrait conduire à de nouvelles importations.
Pénurie de sucre : une crise qui inquiète à l’approche des fêtes
Le sucre est devenu une denrée rare sur les marchés camerounais, forçant les commerçants à rationner leurs stocks et les prix à s’envoler. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, la pénurie s’aggrave, particulièrement dans des villes comme Yaoundé et Garoua, où certains ménages se voient contraints de trouver des alternatives pour leur consommation quotidienne.
Dans les allées animées du marché Elig Edzoa à Yaoundé, les sacs de sucre se font rares. Arnold Waffo, fournisseur de sucre, raconte l’attente interminable de ses livraisons : « Je suis dans l’attente d’une livraison depuis plus de cinq jours ». Il explique que pour maintenir l’équilibre entre ses clients, il a dû rationner ses ventes. Ibrahim Moussa, boutiquier à Cité Verte, vit la même frustration. Sur une commande de 100 cartons, il n’a reçu que 65, laissant ses stocks dangereusement bas.
Dans le nord du pays, à Garoua, la situation est encore plus tendue. Safi Abbo, ménagère, a cessé d’acheter du sucre, désormais vendu à 1 000 Fcfa le kilo, et se tourne vers des solutions locales : « Je fais la bouillie de riz avec le jus de canne que ma mère extrait », confie-t-elle. De son côté, Suzanne Ndong, mère de famille à Yelwa, a remplacé le sucre par du miel dans les repas matinaux.
Le gouvernement face à une crise qui perturbe les marchés
La pénurie de sucre ne touche pas seulement les ménages, elle résonne également dans les couloirs du gouvernement. Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce, a rencontré les acteurs de la filière pour tenter de trouver des solutions. Alors que certains restent optimistes quant à un rétablissement de la situation, d’autres envisagent déjà l’option de nouvelles importations, une solution qui pourrait contrecarrer l’objectif de zéro importation de sucre en 2024 fixé par les autorités camerounaises.
En 2023, le Cameroun avait importé 224 003 tonnes de sucre pour une facture de 82,67 milliards de Fcfa, selon l’Institut National de la Statistique (INS). Le gouvernement espérait éviter une telle dépense cette année, misant sur une production locale estimée à 366 500 tonnes, bien au-dessus des besoins nationaux évalués à 225 000 tonnes. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. À Yaoundé, certains commerçants augmentent les prix en raison de la rareté du sucre, une stratégie vivement critiquée par les consommateurs. « C’est de la spéculation, rien d’autre », s’indigne un client au marché Mokolo.
Vers un retour des importations ?
La pénurie actuelle met donc en péril l’objectif du gouvernement de réduire les importations et soulève des questions quant à la capacité de la production nationale à répondre à la demande, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année, période traditionnellement marquée par une consommation accrue de sucre.
Si certains observateurs jugent inévitable le recours à l’importation, cela représenterait un revers important pour les autorités camerounaises, qui ambitionnaient de promouvoir une autosuffisance en sucre et de diminuer les dépenses liées aux importations. En attendant, les consommateurs continuent de faire face à une incertitude croissante et espèrent un retour à la normale, bien que les files d’attente dans les marchés semblent aussi longues que l’attente d’une solution à la crise.
