Le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) finance un projet de 3,2 milliards de FCFA pour encourager la transition vers des systèmes agricoles durables au Cameroun. Ce projet, d’une durée de quatre ans, vise à renforcer les processus de transformation agricole pour un développement plus respectueux de l’environnement et des populations.
Un engagement financier pour une agriculture plus durable au Cameroun
Le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), via la Coopération allemande (GIZ), a lancé au Cameroun le projet global Systèmes et politiques agricoles durables (AgSys). Ce programme, financé à hauteur de 3,2 milliards de FCFA (soit 5 millions d’euros), s’étendra sur une période de quatre ans (2023-2027) et a pour objectif de transformer durablement le système agricole camerounais.
Ce projet repose sur une approche intégrée, combinant les partenariats existants avec de nouvelles initiatives de conseil politique pour accompagner la transformation agricole. En effet, les systèmes agroalimentaires actuels peinent à relever le défi de fournir des aliments à la fois sains et abordables tout en respectant les limites de la planète, soulignant la nécessité de repenser les pratiques agricoles.
Des blocages à surmonter dans les réformes agricoles
Pour échanger sur les normes de qualité en agriculture durable, une trentaine d’acteurs du secteur public, privé, ainsi que de la société civile et des chercheurs, se sont réunis en atelier à Douala du 30 septembre au 1er octobre 2024. Cet événement visait à identifier les blocages qui freinent la mise en œuvre des réformes nécessaires à l’agriculture durable au Cameroun.
Selon Marthe Epassy, conseillère technique du projet AgSys-GIZ, « l’objectif de l’atelier était de repérer les obstacles au niveau des cadres réglementaires et politiques qui empêchent la promotion de l’agriculture durable ». Parmi les réformes en cours figurent notamment la loi sur l’agriculture biologique, adoptée en 2023, et la loi sur les semences de 2001, devenue obsolète, en plus des textes d’application de la loi interprofessionnelle qui restent attendus.
Un projet structuré autour de cinq systèmes clés
Le projet AgSys s’attaque à ces enjeux en intervenant sur cinq systèmes principaux :
1. Le système politique, avec des cadres réglementaires durables et inclusifs.
2. Le système productif, en soutenant les interprofessions et les PME pour rendre visibles et accessibles les produits issus d’une filière durable.
3. La commercialisation, qui s’appuiera sur un système de contrôle de qualité pour les produits agricoles durables, tant sur les marchés nationaux qu’internationaux.
4. Le financement, via des institutions de microfinance, pour faciliter l’accès des groupes vulnérables à des crédits agricoles compétitifs.
5. Les infrastructures collectives et la gouvernance des systèmes alimentaires, avec une attention particulière portée aux questions de genre, à la digitalisation et au développement institutionnel.
Des défis et des perspectives pour l’agriculture camerounaise
La validation des réformes reste freinée par une compréhension différenciée des enjeux par les divers acteurs et par des jeux d’intérêts selon le GIZ. Toutefois, l’approche d’AgSys est d’impliquer fortement les acteurs du changement, afin de faire avancer ces lois essentielles pour le développement d’une agriculture durable.
Ce projet ambitieux vise à augmenter durablement la production agricole, à améliorer l’environnement des infrastructures collectives et à favoriser une gouvernance plus efficace des systèmes alimentaires camerounais. Grâce au soutien financier de l’Allemagne et à la collaboration entre les acteurs locaux et internationaux, l’agriculture camerounaise pourrait devenir un modèle de durabilité et de résilience.