Le Sommet des BRICS s’est ouvert à Kazan le 22 octobre 2024, offrant à Vladimir Poutine une tribune internationale pour prouver que, malgré les sanctions et la guerre en Ukraine, la Russie n’est pas isolée sur la scène mondiale. Accueillant 24 dirigeants, dont Xi Jinping, le président russe montre une volonté de restructurer l’ordre économique mondial autour des BRICS.
Un sommet aux allures de défi diplomatique
Le Sommet des BRICS, qui se déroule du 22 au 24 octobre 2024 à Kazan, en Russie, réunit 24 dirigeants internationaux, parmi lesquels le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi, et le président turc Recep Tayyip Erdogan. C’est une opportunité pour Vladimir Poutine de démontrer qu’il n’est pas isolé malgré les sanctions internationales imposées depuis l’invasion de l’Ukraine. Ce sommet se veut le plus grand événement diplomatique jamais organisé en Russie, d’après le Kremlin.
Le président russe, sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par la Cour pénale internationale (CPI), a pourtant réussi à contourner les obstacles juridiques, prouvant par exemple lors de sa récente visite en Mongolie – un membre de la CPI – qu’il pouvait voyager sans risque d’arrestation. Lors d’une déclaration provocatrice, il a affirmé qu’il était “très facile” de neutraliser l’autorité de la CPI par de simples accords intergouvernementaux.
La Russie, loin d’être isolée ?
Pour l’analyste politique Konstantin Kalatchev, ce sommet est une démonstration de force visant à illustrer que la Russie n’est “pas isolée”, mais bien entourée de partenaires stratégiques. En effet, Xi Jinping et Narendra Modi sont présents physiquement, tandis que Lula, président du Brésil, participera en visioconférence après une chute récente.
Au-delà de la présence de personnalités majeures comme Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, pour la première fois en Russie depuis 2022, le Kremlin mise sur ce sommet pour renforcer ses liens avec les pays qui permettent à la Russie de contourner les sanctions. La dédollarisation des échanges et la création d’un système de paiement alternatif à SWIFT sont au centre des discussions, Moscou cherchant à rassembler ses alliés pour faire face aux pressions économiques occidentales.
Vers un nouvel ordre économique mondial
Les BRICS, qui comptent aujourd’hui pour 35% du PIB mondial et près de 50% de la population de la planète, se posent comme une alternative au modèle occidental dominé par les États-Unis. La dédollarisation figure parmi les priorités de Vladimir Poutine, bien que cette initiative rencontre des réticences de la part de certains partenaires.
Pour la Russie, la mise en place d’un système financier international indépendant, regroupant des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil, et l’Arabie saoudite, affaiblirait les outils de pression américains. Le Kremlin voit cette alliance comme un levier pour rééquilibrer les rapports de force mondiaux. Selon Alexander Gabuev, expert en relations internationales, ce projet pourrait rendre de nombreux pays réticents à l’idée de sanctionner ce bloc économique.
Une alliance en pleine expansion
Depuis leur création, les BRICS se sont élargis et attirent de plus en plus de pays intéressés par cette alternative à l’ordre international actuel. Dernière en date, la candidature de la Turquie, un membre de l’OTAN, montre que même des alliés historiques de l’Occident s’intéressent à ce nouveau bloc. Pour Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du Kremlin, les BRICS “construisent brique par brique un pont vers un ordre mondial plus juste”.
Ce sommet de Kazan marque une étape cruciale dans la consolidation d’un nouvel ordre mondial, avec la Russie à l’avant-garde des efforts pour remodeler les équilibres géopolitiques et économiques. Vladimir Poutine espère ainsi prouver que, malgré les tentatives d’isolement par l’Occident, son pays reste un acteur incontournable de la scène internationale.
