Obnubilée par la recherche effrénée du gain, l’immense majorité des opérateurs économiques n’hésite pas à évoluer en marge de la réglementation en vigueur, freinant ainsi le développement socio-économique de la ville de Douala.
La cérémonie d’inauguration solennelle de la troisième édition du Forum économique de Douala s’est déroulée le 13 novembre 2024 au Palais de la Culture Sawa. Présents à cette kermesse, de nombreuses personnalités administratives, parmi lesquelles le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, le président du Conseil régional du Littoral, l’honorable Polycarpe Banlog, le maire de la ville, Dr Roger Mbassa Ndine, le préfet du Wouri, Sylyac Marie Mvogo, le président du Syndicat des Industriels du Cameroun (Syndustricam), Samuel Njanga Kondo Ngande, le représentant de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat du Cameroun (CCIMA), Daniel Tala Kuate, le président du Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun (GTTC), Ibrahima Yaya, ainsi que de nombreux acteurs du monde des affaires.
Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit dans une ville. Les métropoles sont de grandes villes qui influencent les régions environnantes et qui attirent diverses populations, plus ou moins lointaines. On dit que les métropoles « rayonnent ». Depuis quelques décennies, elles ne cessent de s’étendre et sont même de plus en plus nombreuses dans les pays en développement.
Douala est la capitale économique et le principal centre d’affaires du Cameroun et de la sous-région Cemac. Peuplée de plus de 5 millions d’habitants, la ville se développe à partir de son port de commerce sur l’estuaire du fleuve Wouri, ouvert sur le golfe de Guinée. Chef-lieu de la région du Littoral et du département du Wouri, elle a le statut de communauté urbaine constituée de six communes d’arrondissement.
S’il est établi que la croissance urbaine est à l’origine de multiples défis urbains, souvent matérialisés par des quartiers surpeuplés, l’insécurité, l’occupation anarchique de l’espace, l’extension incontrôlée de la ville vers des zones impropres à l’habitat et la désorganisation des pouvoirs à l’échelle locale, le gouverneur de la région du Littoral s’est voulu plus pragmatique et précis.
Dans son intervention, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua a dénoncé l’attitude de certains industriels locaux qui brillent par le désordre urbain et sont très prompts à critiquer les efforts fournis par le gouvernement : « Si le développement ne peut pas se faire sans les industriels, je voudrais également dire que combien d’industriels vont à l’encontre du maire de la ville de Douala avant d’engager la construction de certaines infrastructures ? Très peu. Nous investissons où ? Dans les marécages, sans se référer au plan d’occupation du sol, au plan directeur d’urbanisme. Les quartiers naissent anarchiquement, pas de titre foncier, ni voie de communication… Après on va entendre le discours selon lequel que fait l’État ? L’État a trop de contraintes. Lorsque Boko Haram arrive… Lorsque la crise du Nord-Ouest et Sud-Ouest arrive, est-ce que le gouvernement a encore les mêmes capacités d’intervention ? Combien le gouvernement dépense pour entretenir les forces de défense au front ? Cet argent pouvait servir à faire autre chose. Ce forum économique de Douala nous permet de revisiter nos comportements afin que Douala puisse renaître de ses cendres… », a déclaré le patron de la région du Littoral.
Autre phénomène, en lien avec le thème de cette troisième édition du Forum Économique de Douala, qui plombe la mobilité dans la capitale économique au niveau du secteur des transports et de la logistique dans la ville de Douala, c’est la forte dégradation de la voirie.
En effet, la voirie urbaine de Douala est en état de délabrement avancé : 180 km de zones de dégradation répertoriées sur les routes revêtues pour un réseau viaire qui s’étend sur environ 5 000 km, soit environ 700 km de routes revêtues (béton bitumineux et pavés) et 4 300 km de routes en terre.
Face à cette contrainte, le Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun a exprimé sa disponibilité à apporter sa touche personnelle dans cette réflexion, et surtout dans le cadre de la lutte contre la dégradation des chaussées dans la ville de Douala et au-delà. « Nos chaussées sont détruites parce que nos camions aussi sont en partie responsables. Nous transportons des tonnages proscrits par la loi. Par exemple, un camion semi-remorque dont la charge à l’essieu (charge maximale à transporter) est de 25 tonnes. Mais il arrive que certains transporteurs indélicats portent jusqu’à 40, 50 voire 70 tonnes. Il est important que nous nous démarquions pour contribuer positivement dans la réduction et l’éradication de ce fléau qui mine la société. Si la ville de Douala est impactée négativement par son patrimoine routier, il faut aussi dire que les corridors conventionnels (Douala-N’Djamena, Douala-Bangui) seront aussi impactés. Nous multiplions des communications dans nos fora… Nous tenons des réunions de sensibilisation… Nous dénonçons parfois ces transporteurs véreux auprès des administrations compétentes », a soutenu le président du Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun.
Il a par ailleurs dénoncé le laxisme des structures en charge de la délivrance des visites techniques. La plupart des camions qui exercent dans la ville de Douala sont très vétustes et mal entretenus, ne disposant pas des « atouts » pour remorquer certains types de conteneurs, ce qui justifie les nombreux cas de conteneurs transportés par ces camions « hors normes », chutant et écrasant les usagers le long de la route.
Dans la foulée, Ibrahima Yaya a également épinglé les autorités portuaires qui laissent prospérer les opérations de décapotage des conteneurs sur les camions à l’intérieur de l’enceinte portuaire. Une opération qui contribue à surcharger les camions qui ne respectent pas la charge à l’essieu.
Parce que la masse critique de consommation, de commercialisation et d’exportation se trouve être la ville de Douala, elle doit agréger les forces du Littoral pour construire son positionnement de pilier de l’économie nationale. Cela passe par une participation inclusive de tous les acteurs à travers des comportements citoyens et responsables.