En 2023, l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) a recensé près de 1700 milliards de FCFA de flux financiers suspects au Cameroun, marquant une augmentation vertigineuse de 180 %. Un rapport alarmant qui soulève des questions sur la montée des fraudes diverses et le financement du terrorisme.
Une explosion des flux financiers suspects
En 2023, l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) a répertorié des flux financiers suspects d’un montant impressionnant de 1665,4 milliards de FCFA, soit une hausse de 180 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est issue de 965 déclarations d’opérations suspectes (DOS) transmises par diverses entités telles que les banques, les établissements de microfinance, les opérateurs de mobile money, et autres. Sur la base de ces signalements, 447 rapports ont été transmis aux juridictions compétentes pour enquête.
La fraude, un fléau croissant
Les fraudes diverses représentent plus de la moitié des dossiers (50,6 %), avec une multiplication des cas entre 2022 et 2023. Selon le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac), la fraude fiscale domine ce tableau (60 % des cas), suivie de la fraude douanière (40 %) et des fraudes liées aux transactions foncières (7 %). Les pratiques frauduleuses les plus courantes comprennent le transfert illicite de fonds à l’étranger à travers des cartes bancaires, la dissimulation des revenus des entreprises, et l’exercice illégal de certaines activités commerciales.
Le financement du terrorisme en hausse
Le financement du terrorisme connaît également une augmentation de 38 % par rapport à 2022, représentant 31,54 % des transmissions à l’ANIF. Cette hausse s’explique notamment par le contexte sécuritaire tendu, marqué par la présence de Boko Haram dans le Grand Nord et les activités sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les mécanismes de financement incluent les escroqueries en ligne, les fausses identités et l’utilisation des transferts via mobile money.
Un impact limité des détournements de fonds publics
Bien que les cas de détournements de deniers publics aient augmenté de 140 % en 2023, ils ne représentent que 2,68 % des dossiers traités. Cependant, ces cas totalisent 71 milliards de FCFA, soit 4,3 % de l’ensemble des flux suspects. La majeure partie des flux répertoriés (94,7 %) provient des fraudes diverses, tandis que le financement du terrorisme n’en représente que 0,14 %.
Un rapport accablant pour la lutte contre la corruption
Ce rapport de l’ANIF met en lumière les défis auxquels le Cameroun est confronté dans sa lutte contre la corruption. Avec des flux suspects qui explosent et une fraude omniprésente, les autorités camerounaises devront redoubler d’efforts pour renforcer les contrôles et combattre ces pratiques qui gangrènent l’économie nationale.