Après avoir solidifié ses liens militaires avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), la Russie élargit sa présence économique dans la région. Des projets dans l’énergie, les mines et les nouvelles technologies témoignent de cette stratégie, tandis que la concurrence avec d’autres puissances émergentes comme la Chine et la Turquie s’intensifie.
Une présence militaire qui pave la voie à l’influence économique
Avec l’instauration de la coopération sécuritaire entre la Russie et les membres de l’AES (Mali, Niger et Burkina Faso), matérialisée par l’envoi d’instructeurs et de matériel militaire, Moscou s’impose également comme un acteur économique de premier plan dans la région. La réorientation des alliances de ces pays vers l’Est, marquée par la rupture de plusieurs accords avec les puissances occidentales, crée un terrain propice à la pénétration économique russe.
Les secteurs d’investissement russe : des énergies renouvelables aux nouvelles technologies
Les entreprises russes se positionnent sur des projets divers, allant de l’extraction minière à l’aérospatial. Au Mali, le conglomérat Yadran s’engage à construire une raffinerie d’or et une usine de transformation de coton, symboles d’une coopération économique renforcée. En mai 2024, une centrale solaire d’une capacité de 200 MW a été lancée près de Bamako, témoignant de l’intérêt russe pour les énergies renouvelables.
La coopération nucléaire et l’uranium : vers une exploitation stratégique des ressources naturelles
Des accords pour la construction de centrales nucléaires ont été signés avec le Mali et le Burkina Faso, tandis que Rosatom, géant russe du nucléaire, vise également des actifs d’uranium au Niger précédemment exploités par la compagnie française Orano. Cette ambition russe dans le secteur nucléaire pourrait renforcer la souveraineté énergétique de l’AES tout en réduisant sa dépendance aux puissances occidentales.
Vers une coopération spatiale : un satellite commun pour l’AES
Mali, Niger et Burkina Faso envisagent un projet de satellite de communication avec Roscosmos, l’agence spatiale russe, afin d’améliorer l’accès aux télécommunications dans des zones enclavées. Ce partenariat pourrait transformer les infrastructures de communication des pays membres de l’AES.
Un terrain de compétition entre puissances émergentes
Alors que l’influence russe s’étend dans la région, une rivalité se profile avec d’autres puissances émergentes. La Chine, avec des investissements dans les infrastructures numériques et solaires au Mali, et la Turquie, active dans le domaine minier et la défense au Niger et au Burkina Faso, s’intéressent également aux ressources et aux opportunités économiques du Sahel. Cette convergence d’intérêts étrangers pourrait redessiner le paysage géopolitique et économique de la région dans les années à venir.