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Cameroun : Inquiétudes du gouvernement sur les projections budgétaires entre 2025-2027

Malgré des prévisions économiques favorables pour la période 2025-2027, le ministère des Finances camerounais met en garde contre plusieurs facteurs de risque pouvant compromettre la réalisation des objectifs budgétaires, notamment la situation des entreprises publiques, les échéances électorales, et les défis de l’import-substitution.

Un taux de croissance projeté à 4,7 % en 2027

Le Cameroun affiche des perspectives économiques optimistes pour la période 2025-2027, avec un taux de croissance attendu à 4,7 % en 2027, contre 4,1 % prévu à la fin de 2024. Ces projections sont détaillées dans le Document de programmation économique et budgétaire élaboré par le ministère des Finances. Bien que le pays n’atteigne pas le seuil ambitieux de 8 % fixé pour 2030, cette évolution de 0,6 % en trois ans est un signe encourageant. En parallèle, le taux d’inflation devrait passer de 7 % en 2024 à 3 % en 2027, se conformant ainsi aux normes de la Cemac.

Cependant, derrière cet optimisme se cachent des inquiétudes quant aux risques budgétaires qui pourraient freiner l’atteinte de ces objectifs.

Les défis de l’import-substitution

Parmi les facteurs critiques identifiés par le ministère des Finances figure l’exécution du Plan intégré d’import substitution agropastoral et halieutique (Piisah) 2024-2026, un programme essentiel pour réduire la dépendance du Cameroun aux importations alimentaires (blé, riz, poisson, etc.) et assurer la sécurité alimentaire. Ce plan, doté d’un budget prévisionnel de 1 371,5 milliards de FCFA, vise à promouvoir la production locale dans le cadre de la politique d’import-substitution annoncée par le président Paul Biya en décembre 2023.

Toutefois, l’efficacité limitée ou un retard dans la mise en œuvre de ce programme pourrait fragiliser les prévisions de croissance et affecter les recettes fiscales, projetées à 5 238,8 milliards de FCFA en 2027, contre 3 998,7 milliards de FCFA en 2024.

Les incertitudes liées aux élections et à la fiscalité

Le contexte pré-électoral constitue également un facteur d’incertitude. En 2025, le Cameroun se prépare à organiser des élections, un événement susceptible de perturber l’adhésion sociale aux réformes fiscales nécessaires pour soutenir la croissance. Le Programme d’impulsion initiale (P2I), qui est conçu pour renforcer l’industrialisation à travers des projets dans les secteurs stratégiques (mines, métallurgie, textile, énergie, agro-alimentaire, etc.), pourrait en pâtir, selon le ministère des Finances. Le P2I est prévu pour dynamiser la production industrielle en améliorant la fourniture de matières premières locales.

Toute perturbation liée à l’environnement politique pourrait entraîner des décalages dans les projections des recettes internes non pétrolières, compromettant ainsi l’exécution des projets de développement industriel, pourtant indispensables à la croissance du pays.

La situation des entreprises publiques sous surveillance

Autre facteur préoccupant : la dégradation financière des entreprises publiques et parapubliques. En 2022, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) a identifié une vingtaine d’entreprises en grande difficulté, dont des acteurs majeurs tels que Camtel, Sodecoton, Cicam, Sonara, et Camair-Co. Ces entreprises affichent un risque d’endettement élevé, menaçant ainsi les prévisions budgétaires pour les prochaines années.

Le ministère des Finances craint également que les nouvelles mesures fiscales instaurées chaque année ne soient pas suffisamment efficaces pour mobiliser les recettes fiscalo-douanières attendues. Cette situation pourrait être aggravée par une faible mobilisation des appuis budgétaires, tels que les 241,1 milliards de FCFA attendus du Fonds monétaire international (FMI) en 2025, ainsi que par la liquidité limitée du marché financier intérieur.

Un contexte budgétaire sous haute surveillance

Le gouvernement camerounais se retrouve face à des défis majeurs qui pourraient influencer le bon déroulement de ses projections budgétaires pour la période 2025-2027. L’import-substitution, les incertitudes électorales, et la situation critique des entreprises publiques sont autant de paramètres à surveiller de près pour éviter toute fragilisation de l’économie nationale.

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