Accusé de blanchiment d’argent et de violations financières, Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, est visé par un mandat d’arrêt émis par les autorités maliennes. Ce conflit s’inscrit dans une série de tensions croissantes entre Bamako et les compagnies minières opérant dans le pays, sur fond de manque à gagner colossal pour l’État.
Le 2 décembre 2024, les autorités judiciaires maliennes ont émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, l’une des plus grandes compagnies minières au monde et exploitante de la plus importante mine d’or du Mali.
Selon Reuters, ce mandat fait suite à des accusations de blanchiment d’argent et de violation de la réglementation financière portées contre Bristow et sa société. Il s’agit de la dernière étape d’un conflit qui s’intensifie depuis plusieurs mois entre Barrick Gold et le gouvernement malien, sur fond de manque à gagner pour l’État estimé entre 300 et 600 milliards FCFA.
Une querelle aux multiples rebondissements
En septembre dernier, un accord préliminaire avait été trouvé entre Barrick et les autorités maliennes, après l’arrestation de quatre employés de la compagnie. Barrick affirme avoir déjà versé 85 millions $ dans le cadre de cet accord. Cependant, en octobre, le Mali a dénoncé un non-respect des termes convenus, relançant ainsi les hostilités.
En novembre, Bamako a procédé à de nouvelles arrestations, ciblant quatre cadres supplémentaires de Barrick. Ces derniers sont actuellement détenus en attente de procès, bien que les chefs d’accusation n’aient pas été rendus publics.
Des audits révélateurs
Le différend actuel trouve son origine dans un audit des mines d’or mené par le gouvernement malien. Celui-ci a mis en lumière d’importants manques à gagner pour les caisses publiques. Le Mali réclame désormais 500 millions $ à Barrick.
Cette situation ne concerne pas seulement Barrick. En novembre, le PDG de l’australienne Resolute Mining, opérateur de la mine d’or de Syama, a également été brièvement détenu. Sa libération a suivi le versement de 160 millions $ par sa compagnie au gouvernement malien.
Une volonté de reprise en main
Depuis plusieurs années, le Mali, l’un des plus grands producteurs d’or en Afrique, cherche à reprendre le contrôle de ses ressources naturelles et à maximiser les bénéfices issus de l’exploitation minière. Sous la houlette de son gouvernement de transition, le pays s’efforce de réduire les abus financiers et d’imposer de meilleures conditions aux compagnies étrangères.
Cependant, ces actions radicales soulèvent des questions : Bamako cherche-t-il à défendre ses intérêts nationaux ou à renégocier à son avantage des accords passés sous des conditions jugées désavantageuses ?
Les conséquences possibles
Ce conflit pourrait avoir des répercussions majeures :
1. Pour Barrick Gold, la détention de ses employés et le mandat d’arrêt contre son PDG risquent d’entacher sa réputation et d’affecter ses relations avec d’autres gouvernements africains.
2. Pour le Mali, ces tensions pourraient dissuader de nouveaux investisseurs dans un secteur crucial pour son économie, tout en renforçant son image de pays cherchant à récupérer sa souveraineté économique.
Une affaire loin d’être résolue
Alors que les tensions atteignent un nouveau sommet, l’avenir des relations entre Barrick et le gouvernement malien reste incertain. Si d’autres compagnies ont choisi de céder face aux exigences de Bamako, Barrick semble déterminée à défendre sa position, quitte à risquer un bras de fer prolongé.
Le mandat d’arrêt contre Mark Bristow marque-t-il une tentative de pression supplémentaire ou le point de rupture entre les deux parties ? Seule la suite des négociations permettra de le déterminer.
