jeudi, novembre 7, 2024
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Installation des Nouveaux Responsables de l’IPD : Discours du Pr. Richard Laurent OMGBA

Le Ministre d’Etat ministre de l’Enseignement supérieur, chancelier des ordres académiques  m’a instruit de venir personnellement présider cette double cérémonie  d’installation des nouveaux responsables de l’IPD et  l’attribution des diplômes dans cette institution.

Cette instruction date du mois de mars 2024 alors que j’officie encore comme Directeur du Développement de l’Enseignement Supérieur. Mais c’est à ce titre là qu’il m’a désigné, sans toutefois qu’il soit envisagé que je serai Recteur de l’Université de Yaoundé 2, pour présider  cette double cérémonie.

Je voudrais dire que cette désignation n’a pas été le fait du hasard. Elle se justifie tout simplement qu’en ma qualité deDirecteur du Développement l’Enseignement supérieur, j’étais en charge du portefeuille de la gestion des instituts privés d’enseignement supérieur. En cette qualité-là, j’ai donc été chargé de clarifier la situation qui prévalait au sein de l’IPD, et qui avait valu  à ce prestigieux établissement d’essuyer un désaveu public du ministère de l’Enseignement supérieur. Nous avons travaillé pendant plusieurs années avec le Pr Emmanuel KAMDEM, Secrétaire général  de l’IPD, Mme Samira, Monsieur Vincent ESSOMBA, ici présent, pour clarifier la situation et envisager des pistes nouvelles de redémarrage dans les conditions idoines. Il faudrait que l’opinion soit édifiée à cet effet afin que tout malentendu soit désormais dissipé.

Quel était l’objet du désaccord ?

Le désaccord provenait du fait que l’IPD avait choisi d’entrer dans le champ de la formation du supérieur. Il s’agit d’un champ qui est fortement protégé par l’Etat et qui exigeait que certaines garanties soient données. Non pas qu’on doutait de la capacité de l’IPD à former, mais nous doutions de ce que certaines exigences soient remplies.

Le système d’enseignement supérieur au Cameroun très peu le savent,  est très contrôlé. Il a un gendarme qui est le ministre de l’Enseignement supérieur, chancelier des ordres académiques. Quel que soit votre statut national ou international, vous ne pouvez pas y exercer  sans le mandat officiel du ministre d’Etat ministre  de l’Enseignement supérieur, Chancelier des Ordres Académiques. En qualité de chancelier des ordres académiques il est le seul garant, le seul à même d’assurer la collation des diplômes. Le Cameroun a choisi du primaire au secondaire un système d’enseignement où seul l’Etat délivre les diplômes. Ce n’est pas le cas ailleurs. Et pour le supérieur c’est le Chancelier des Ordres Académiques c’est lui qui concède les grades des enseignants et qui collationne les diplômes. Au Cameroun, de la maternelle au secondaire, aucune autre instance ne donne des diplômes. Que vous soyez la meilleure école primaire du Cameroun, jamais vous n’organiserez votre CEPE. Le CEPE est délivré par l’État. Il en est de même au secondaire. Que vous soyez la plus forte des écoles secondaires, c’est l’État qui délivre les diplômes. Et il en est de même au niveau du supérieur. Voilà le principe fondamental qui a posé problème.

L’IPD a excipé son statut d’organisation internationale qui lui est reconnu par l’Etat du Cameroun. Mais cela ne changeait rien. Je vous dirai que même l’Union africaine qui a une université qu’on appelle Université panafricaine et dont le pôle régional d’Afrique centrale est au Cameroun, précisément à l’université de Yaoundé 2, le pôle humanité sciences humaines, cette université panafricaine à son siège à Addis-Abeba. Ses diplômes sont signés par l’université de Yaoundé 2 et le Ministre de l’enseignement supérieur. Il en est de même de l’AIMS dont l’accord a été donné par le chef de l’État avec pour siège l’Afrique du Sud. L’AIMS se trouvait dans la même situation que l’IPD et a voulu donner les diplômes au Cameroun en excipant du fait qu’au Sénégal où ils sont installés, ils signent les diplômes. Mais on leur a dit le Cameroun c’est le Cameroun. Après des années de résistance, ils se sont rangés et ont compris qu’il n’en serait pas autrement. Je pourrais multiplier les exemples.

Nous connaissons notre contexte Camerounais. S’il en venait qu’on permette aux privés de signer les diplômes, vous savez bien ce qu’il arriverait. Voilà pourquoi l’Etat a dit, quel que soit votre statut si vous opérez dans l’espace universitaire Camerounais l’Etat du Cameroun doit signer votre diplôme. Cela est à l’avantage des étudiants parce ça les protège, ça protège le diplôme. Cela veut dire que quand vous avez un diplôme de l’IPD contresigné par l’Université de Yaoundé 2, comme c’est le cas et par le ministre, ce diplôme ne souffre d’aucune contestation. Vous n’avez besoin d’aucune équivalence. Ce qui est différent des instituts privés opérant au Cameroun qui sont des succursales des universités étrangères. Car ça veut dire que même si la Sorbonne que vous connaissez ouvre une antenne au Cameroun, elle va signer ses diplômes mais ses diplômes ne sont pas de droit Camerounais et ne sont pas reconnus par le Cameroun. Pour que ses diplômes vous vaillent l’entrée à la fonction publique il faudra écrire à la Sorbonne Paris pour que Sorbonne Paris authentifie. Mais pas le Cameroun. Alors que la procédure camerounaise permet qu’aussi bien ceux qui sont dans le privé que ceux qui sont dans le public bénéficient  des mêmes avantages et qu’un diplôme délivré au Cameroun ne fasse plus l’objet d’une quelconque contestation.

Fort heureusement, l’IPD a enfin compris. On peut donc dire que la querelle est vidée, le contentieux est clos. Voilà donc pourquoi le ministre d’État, le ministre de l’Enseignement supérieur, Chancelier des Ordres Académiques, pour montrer son adhésion au nouveau processus, a demandé à son Directeur de l’Enseignement Supérieur en charge du litige et garant de l’orthodoxie des diplômes, de venir lui-même délivrer ces diplômes.

Ma présence ici est fort symbolique et très significative pour le ministre. il aurait pu envoyer un inspecteur général mais, il a voulu faire signe parce l’IPD après avoir bien compris la philosophie Camerounaise a donc signé une première convention avec l’université de Yaoundé 2, convention dont les termes n’ont pas toujours été bien respectés. D’où la situation qui vaut aujourd’hui que, en 2024 on soit obligé de remettre les diplômes de 2016. Et l’Etat a dit à l’IPD que tant que le cahier de charges n’est pas respecté, je ne signe pas les diplômes. C’est vrai que la partie étatique avait aussi dans cette faillite ses propres responsabilités. Parce qu’une convention doit être respectée par les deux parties. Il ne m’a pas semblé que l’Université de Yaoundé 2 que je ne représentais pas à l’époque mais que je représente maintenant, il ne me semble pas qu’elle ait également remplie sa part de contrat. Voilà pourquoi l’Etat a demandé qu’il y ait une révision de cette convention et un engagement mutuel pour que les termes soient respectés d’où la convention de tutelle de 2023. Cette convention forte, heureusement, permet de couvrir les années de la première convention malgré quelques défaillances. Ce qui veut dire que les étudiants qui étaient couverts par cette ancienne convention   plus ou moins respectée sont couverts par la nouvelle convention. L’Etat ne peut pas abandonner ses enfants. C’est ce que le ministre a voulu dire. Les étudiants ne peuvent pas payer les pots cassés des errements des administrations. Ils doivent être protégés parce qu’ils se sont inscrits de bonne foi, ont suivi des enseignements, des évaluations et ils ont payé des frais.

L’Etat tient à prendre ses responsabilités pour protéger ses enfants. Ce faisant, l’Etat souhaite que désormais les engagements soient tenus pour qu’on ne soit plus obligé de passer par des tiraillements pour arriver à des conclusions qui semblaient évidentes. La fortune a voulu qu’ayant eu à gérer cette crise comme directeur je me retrouve comme par hasard recteur de l’Université de Yaoundé 2 qui doit appliquer cette convention. Je ne sais pas si c’est l’IPD qui me porte bonheur. Connaissant parfaitement le problème, je voudrais dire la résolution de la partie étatique à respecter entièrement ses engagements. D’ailleurs, des dispositions idoines seront prises pour que l’ensemble du processus qui va de l’entrée à l’institut, aux enseignements, aux évaluations, aux certifications des diplômes soient contrôlés.

Et quand ça sera contrôlé, le reste viendra de manière évidente. Qu’on ait plus à expliquer ou à faire des jurys spéciaux ou des négociations de manière évidente à la fin de l’année on délivre les diplômes parce que le processus a été contrôlé.Voilà l’engagement de la partie étatique. Je voudrais en revanche aussi que l’IPD s’engage à respecter ses engagements, le cahier de charge pour le bien de nos enfants.Ce n’est pas le destin de l’IPD qui est en jeu pour nous mais, c’est le destin des jeunes camerounais qui nous préoccupent au premier chef. L’IPD est une ONG qui peut faire d’autres activités, elle en a le droit.Mais le champ de l’enseignement supérieur nous avons le devoir de protéger les étudiants. Ils sont étudiants Camerounais qu’ils soient du privé ou du public. Et le Cameroun doit les protéger comme la pupille de son œil.Il n’est pas courante que le ministère de l’enseignement supérieur vienne procéder à l’installation des responsables d’un institut privé d’enseignement supérieur. Ce sont des questions purement privées. Mais, compte tenu de l’histoire ancienne, de nos combats anciens et de ce que le public a pu retenir de nos relations, il fallait qu’un acte symbolique soit posé. Le ministère a été représenté à l’inauguration du nouveau siège ce qui n’était plus le cas il y a quelques années où le ministère ne voulait être vu à côté de l’IPD. Mais désormais le ministre a dépêché une équipe  piloté par l’inspecteur général qui a présidé cette cérémonie pour aller appuyer l’IPD et montrer à l’opinion que désormais, nous travaillons la main dans la main.  Cette caution-là n’est pas inutile.  Cette caution au plan symbolique est très importante. Et je crois que l’Etat a voulu consacrer ce nouveau départ par l’acte qui est posé aujourd’hui qui consiste à venir installer les responsables, pas pour la forme mais en réalité pour leur dire de vive voix ce que nous attendons. C’est le respect des textes qui gouvernent l’enseignement supérieur au Cameroun… Et les textes subséquents et les décrets et les arrêtés qui fixent les pouvoirs, les attributions, les attentes au niveau de l’enseignement supérieur privé.

Vous devez savoir jusqu’où il ne faut pas aller trop loin parce que dès que vous aurez franchi certaines limites, vous trouverez le gendarme de l’enseignement supérieur qui veille à ce que la gouvernance universitaire soit la même sur toute l’étendue du territoire.

L’Etat attend que  l’IPD aussi… je crois qu’il en a les moyens plus que les autres au plan infrastructurel c’est impressionnant… Mais ça ne suffit pas. L’investissement est énorme, l’engagement de l’État est même énorme. Mais, la science a d’autres exigences qui ne sont pas seulement financières, infrastructurelles. Nous sommes dans l’économie du savoir et l’économie  du savoir exige des capitaux qui ne sont pas seulement des capitaux financiers, des capitaux culturels, scientifiques. Un institut privé d’enseignement supérieur est déjà une université d’Etat en miniature. A ce titre il doit remplir les 3 missions fondamentales de l’enseignement supérieur à savoir l’enseignement, la recherche qui se fait très peu dans les IPES et l’appui au développement qui est davantage concentré dans la nouvelle loi d’orientation de l’enseignement supérieur où le législateur consacre désormais le principe de l’université entreprise. L’Université Camerounaise ne sera plus une fabrique de diplômés, elle devra désormais être un incubateur d’entreprise. Sinon, elle est même une entreprise d’où le concept d’entreprise universitaire. Et je crois que sur ce plan là, l’IPD aurait des leçons à faire même à beaucoup d’instituts d’enseignement supérieur. Nous pourrions l’encourager à continuer sur cette voie qui est un privilège, d’où, d’ailleurs, tous les projets qui ont été énoncés ici et dont certains bénéficient déjà de financements.

Être un institut privé d’enseignement supérieur veut dire qu’on a également un corps d’enseignants qui mérite d’officier dans l’enseignement supérieur. C’est pour cela que la loi a voulu que les enseignants aussi bien du public que du privé soient agréés par le ministre de l’enseignement supérieur. Et désormais les enseignants du privé sont autorisés à changer de grade,  à évoluer dans les grades dans les même conditions que ceux du public. Une chose est de vouloir donner les diplômes, une autre est d’avoir la qualité pour délivrer un diplôme. Pour délivrer un diplôme supérieur il faut être agréé à ce titre-là. Un assistant ne peut pas délivrer une licence ;  un chargé de cours ne peut pas diriger un doctorat ; Donc, si nous voulons délivrer les diplômes ou alors  avoir des agréments qui permettent de former à tel ou tel niveau nous devons avoir la ressource humaine qui le permet, c’est-à-dire un corps d’enseignants permanents à tous les grades et pour cela  la compétition est ouverte au sein du Comité Consultatif des Institutions Universitaires (CCIU) qui consacre les changements de grades et dont je suis encore en ce moment le secrétaire permanent jusqu’à nouvelle date. C’est pour cela que le ministre a voulu que je vienne délivré ce discours de vérité ici pour que nul n’ignore et pour que ce jour soit l’occasion d’un nouveau départ. Il ne vous a pas échappé que c’est l’université de Yaoundé 2 qui a signé les diplômes qu’on va donner aujourd’hui. Ça fait à peine 3 mois que je suis là. Cela veut dire de ma part engagement à vous accompagner. Nous signerons tous les diplômes, tous les relevés de notes, toutes les attestations de réussite, pour autant que les franchises universitaires seront respectées. C’est au moins 600 diplômes que nous avons signés pour dire notre bonne foi  et nous sommes prêts à apurer le passif qui est couvert par les deux conventions.

Mais à partir de maintenant, si les règles ne sont pas respectées, on reviendra au statuquo antérieure. Vous avez mon engagement, vous avez l’engagement de l’université de Yaoundé 2. Je voudrais donc à ce titre là  féliciter tous les lauréats frais émoulus, rutilants, rayonnants de bonheur et de joie. L’université de Yaoundé 2 répond de vos diplômes. A partir du moment qu’elle a signé, ce sont les diplômes d’Etat, pas les diplômes de l’IPD. Quant à ceux qui ont été nommés, je les félicite et les déclare désormais installés, chacun dans sa fonction.

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