Le Point Contact National (PCN) du Royaume-Uni a exonéré Glencore UK de toute responsabilité dans les incidents environnementaux de 2018 au champ pétrolier de Badila, au Tchad. Une décision controversée qui suscite l’indignation des communautés locales et des défenseurs des droits humains.
Le 21 novembre 2024, le Point Contact National (PCN), un mécanisme de règlement des différends pour les entreprises multinationales au Royaume-Uni, a rendu son verdict final sur une plainte visant Glencore UK. L’affaire portait sur des incidents survenus en 2018 au champ pétrolier de Badila, au sud du Tchad, qui avaient provoqué une catastrophe écologique et affecté 18 000 habitants.
Le PCN a conclu que, bien que Glencore UK ait fourni une assistance technique à PetroChad Mangara, la société responsable des opérations, la gestion quotidienne des installations et la responsabilité des déversements incombaient à cette dernière. Glencore UK a ainsi été exonérée de toute responsabilité, une décision vivement critiquée par les populations tchadiennes et les défenseurs des droits humains.
Une catastrophe aux conséquences durables
En septembre 2018, deux incidents majeurs ont frappé les communautés locales :
• La rupture d’un bassin de stockage contenant des eaux usées toxiques équivalentes à 34 piscines olympiques,
• Une fuite d’hydrocarbures sur l’oléoduc reliant le Tchad et le Cameroun, opéré par Glencore.
Ces événements ont causé des brûlures, des lésions cutanées et des troubles digestifs chez au moins 50 personnes, dont des enfants. La contamination a également détruit les récoltes et décimé les poissons, compromettant la sécurité alimentaire de la région.
Malgré ces impacts, Glencore UK a nié toute implication directe. La plainte, portée en 2020 par l’organisme RAID (UK), le Public Interest Law Center (PILC) et l’Association des Jeunes Tchadiens de la Zone Pétrolière (AJTZP), n’a pas abouti à une reconnaissance de responsabilité.
Une procédure complexe et contestée
Après une première évaluation en 2020, le PCN avait proposé une médiation entre les parties, interrompue à plusieurs reprises par des procédures judiciaires parallèles et par la vente de PetroChad Mangara en 2022. Cependant, ces interruptions n’ont pas empêché le PCN de poursuivre l’examen du dossier jusqu’à sa décision finale en novembre 2024.
Selon Anneke Van Woudenberg, directrice exécutive de RAID :
« L’incapacité de Glencore UK à exercer la diligence requise a eu des conséquences désastreuses pour les communautés locales. En exonérant l’entreprise, le PCN affaiblit la responsabilité des multinationales et encourage l’impunité. »
Un précédent inquiétant
Bien que le PCN ait reconnu certains manquements de Glencore UK, son refus de tenir l’entreprise pour responsable suscite une controverse. Cette décision pourrait, selon RAID, fragiliser les efforts mondiaux visant à renforcer la responsabilité des entreprises en matière de droits humains et d’environnement.
Les communautés tchadiennes, qui continuent de subir les effets de cette pollution, devront attendre 2025 pour que le PCN procède à un suivi de l’affaire. D’ici là, les défenseurs des droits humains appellent à des réformes pour éviter que des situations similaires ne se répètent.