Un projet de loi en débat au Parlement camerounais vise à organiser et encadrer la pratique de la médecine traditionnelle à travers un Ordre national des tradipraticiens. Objectif : protéger les populations et renforcer l’intégration de cette médecine dans le système de santé.
Une réforme historique pour la médecine traditionnelle
Le 14 novembre 2024, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a présenté devant l’Assemblée nationale un projet de loi ambitieux : l’institution d’un Ordre national des tradipraticiens au Cameroun. Ce texte, actuellement en débat, définit les modalités d’organisation et de fonctionnement de cet ordre, ainsi que son règlement intérieur.
Si cette loi est adoptée, elle marquera une étape décisive pour la reconnaissance officielle de la médecine traditionnelle et pour la protection des populations face aux pratiques non encadrées.
Structurer la médecine traditionnelle
L’Ordre national des tradipraticiens sera organisé en démembrements régionaux, prenant en compte la carte anthropologique du Cameroun. Des centres de médecine traditionnelle seront créés pour regrouper les tradipraticiens par district et superviser l’exercice de la profession.
Ces centres joueront un rôle clé, notamment en examinant les dossiers d’attribution du droit d’exercer, avant leur validation par le ministère de la Santé publique. L’Ordre disposera également d’un pouvoir disciplinaire, en instaurant une police professionnelle destinée à sanctionner les guérisseurs non reconnus.
« L’objectif global est d’assurer la protection de la santé des populations, de la médecine traditionnelle et du système de santé », a souligné le ministre Manaouda Malachie.
Une transmission initiatique
Le ministre a précisé que les tradipraticiens ne sont pas formés dans des centres académiques, mais initiés dans le cadre familial ou communautaire. Il a ajouté : « Il peut arriver que dans une famille de plusieurs enfants, un seul soit initié et puisse exercer. C’est-à-dire que le tradipraticien seul choisit son légataire. »
Ainsi, il n’est pas prévu de créer des centres de formation pour guérisseurs. Cette démarche vise à respecter la dimension culturelle et spirituelle de la médecine traditionnelle, tout en encadrant son exercice.
Protection des populations et valorisation du patrimoine
L’initiative s’inscrit dans une volonté de préserver les savoirs ancestraux tout en combattant les pratiques non professionnelles qui peuvent mettre en danger les communautés. Grâce à un recensement des tradipraticiens par district de santé, ces derniers pourront être identifiés, regroupés et représentés au sein de l’Ordre.
Cette réforme vise également à intégrer la médecine traditionnelle au système de santé camerounais, en valorisant un patrimoine culturel unique.