En 2025, le Cameroun s’apprête à connaître des transformations majeures dans sa politique fiscale et économique. Ces réformes toucheront des secteurs essentiels tels que l’endettement, les impôts et le financement des entreprises, marquant ainsi une année charnière pour le pays. Voici un aperçu des changements à venir.
La circulaire présidentielle du 23 octobre 2023 annonce que la priorité sera donnée à la mobilisation des recettes internes, excluant le secteur pétrolier. Le gouvernement camerounais vise à accroître ses ressources fiscales tout en évitant les distorsions économiques pouvant nuire au développement et à la compétitivité des entreprises. Cela se traduira par une réforme de la fiscalité locale, dont l’objectif est d’optimiser le financement de la décentralisation.
2025 marquera également la fin des régimes préférentiels qui ont été appliqués depuis 2016 sur certains produits de consommation. Des taux d’imposition réduits sur des biens essentiels, tels que le riz, les huiles végétales et le poisson, seront mis en place, suite à l’ordonnance présidentielle de 2008.
Réduction des exonérations fiscales
Lors d’une récente conférence du ministère des Finances, il a été révélé que, de 2016 à 2022, le gouvernement a accordé des exonérations fiscales totalisant 980 milliards de FCFA pour des produits comme le riz, le poisson et le blé. Cependant, ces exonérations pèsent sur l’import-substitution et le gouvernement a engagé une réflexion sur leur réduction. Le coût pour l’État se chiffre à 140 milliards de FCFA par an pour ces trois produits, soit 52 milliards pour le riz, 30 milliards pour le blé et 58 milliards pour le poisson surgelé.
Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a affirmé que les exonérations doivent être progressivement réduites, ce qui entraînera une augmentation des prix pour ces produits en 2025.
Nouvelles taxes et fiscalité numérique
En ce qui concerne le commerce en ligne, le gouvernement continuera d’adapter la législation aux transactions électroniques. La TVA sera toujours appliquée aux plateformes de commerce électronique, mais le potentiel de cette niche reste largement inexploré en raison des difficultés à tracer les transactions.
Le renforcement de la fiscalité environnementale et de l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) est également prévu, avec l’introduction de nouvelles taxes dans le cadre d’une extension de l’assiette des recettes non fiscales. Cela pourrait générer des revenus supplémentaires estimés à 800 milliards de FCFA.
Endettement et marché domestique : un nouveau modèle
Pour ce qui est de l’endettement, le Cameroun mettra l’accent sur les emprunts concessionnels, n’optant pour les emprunts non-concessionnels que pour des projets à forte rentabilité. Le gouvernement prévoit d’élargir la base des investisseurs sur le marché financier, en renforçant sa stratégie de communication pour attirer des investisseurs résidents et non-résidents.
La gestion de la dette sera optimisée par le biais de rachats et de rééchelonnements, afin d’éviter des risques de défaut de paiement. Les subventions aux entreprises publiques seront désormais basées sur leurs performances et leurs dépenses réelles. Parallèlement, le gouvernement cherchera à rationaliser les dépenses courantes et les salaires.
Ces réformes représentent un tournant pour le Cameroun, avec des impacts potentiels sur l’économie nationale, le coût de la vie et le financement des entreprises. La mise en œuvre réussie de ces mesures sera cruciale pour soutenir la croissance et le développement durable du pays.