Une situation sans précédent secoue l’administration camerounaise : le gouvernement dispose de seulement 20 jours pour préparer le budget 2025 suite à la publication tardive de la circulaire présidentielle. Cette course contre la montre inquiète tant l’opposition que les experts en finances publiques.
Une situation inédite dans l’histoire budgétaire du Cameroun
L’Assemblée nationale a fixé la session budgétaire au 12 novembre 2024. Or, la circulaire présidentielle sur la préparation du budget n’a été publiée que le 23 octobre – soit cinq mois après le délai légal et huit jours après la date limite pour le dépôt de la Loi de finances au Parlement. Cette situation exceptionnelle contraint l’exécutif à élaborer dans l’urgence un budget qui doit pourtant refléter les ambitions présidentielles pour le pays.
Le processus normal de préparation budgétaire bouleversé
Un calendrier habituellement bien rodé
- Février : Pré-cadrage macroéconomique pluriannuel par les ministères des Finances et de l’Économie
- Mars : Trois étapes techniques essentielles
- Juin : Lancement des pré-conférences budgétaires et soumission de la circulaire au chef de l’État
Le cadre légal bousculé
Selon le décret présidentiel du 31 mai 2019, «la circulaire présidentielle sur la préparation du budget de l’État est diffusée au plus tard le 25 juin de l’année en cours».
Les étapes clés normalement prévues
- Juillet : Programmation des financements extérieurs
- Août : Révisions du cadrage macroéconomique et conférences budgétaires
- Septembre : Arbitrages finaux
- Début octobre : Confection de la loi de finances
- 15 octobre : Dépôt au Parlement
Des réactions contrastées au Parlement
La position de la majorité
Le député RDPC Engelbert Essomba Bengono minimise l’impact :
« Le moment de la signature et de la publication de cette circulaire n’a pas d’impact sur le travail parlementaire. Les députés examinent les projets et propositions de lois et non la circulaire présidentielle. »
Les inquiétudes de l’opposition
Le député UDC Koupit Adamou alerte sur plusieurs points :
- Une habitude qui s’aggrave dans la gouvernance
- Risque de tensions entre parlementaires et gouvernement
- Responsabilité attribuée à la Présidence
- Craintes sur la qualité de l’examen budgétaire
Des conséquences multiples sur le processus budgétaire
Impact sur l’administration
- – Ministères en difficulté pour ajuster leurs priorités;
- – Travail sous pression pour les équipes;
- – Risque de précipitation dans la soumission des textes;
Effets sur le secteur privé
- – Attentes du patronat bloquées concernant les nouveaux impôts et taxes;
- – Incertitudes sur les orientations fiscales.
Précédent historique
Jamais avant 2024, le chef de l’État n’avait dépassé la date du 30 août pour la publication de la circulaire budgétaire.