L’Union européenne (UE) a officiellement dénoncé son accord de partenariat avec le Cameroun concernant le commerce du bois. Signé en 2011, cet accord visait à assurer une exploitation légale et durable du bois, mais 13 ans après, l’UE estime que les engagements n’ont pas été tenus. Cette décision pourrait avoir un impact significatif sur les exportations camerounaises.
Un Accord en Suspens
Le 2 octobre 2024, la Commission de l’Union européenne a annoncé sa décision de dénoncer l’accord de partenariat volontaire (APV) signé avec le Cameroun en décembre 2011. Cet accord, centré sur la gestion durable des forêts et la lutte contre l’exploitation illégale du bois, visait à certifier que les produits dérivés du bois exportés vers l’UE étaient d’origine légale, dans le cadre de l’initiative Flegt (Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux).
Cependant, l’UE reproche au Cameroun de n’avoir pas respecté ses engagements. Selon la décision, le régime d’autorisation du Flegt aurait dû être pleinement opérationnel d’ici 2016, mais il est resté théorique. De plus, les systèmes de traçabilité et de vérification de la légalité du bois n’ont pas été mis en place dans les délais impartis.
Des Motifs Divers
L’UE pointe principalement une absence de volonté politique du Cameroun pour concrétiser les réformes nécessaires. Elle souligne que l’exploitation des forêts au Cameroun se fait encore souvent via des petits titres d’exploitation, sans plans d’aménagement, ce qui rend difficile tout contrôle et favorise les activités illégales. De plus, la réforme du cadre juridique liée à la gestion forestière n’a pas abouti. Pour l’UE, cette situation mine la durabilité environnementale et la bonne gouvernance du secteur.
En revanche, l’Union européenne a adopté en mai 2023 un règlement pour restreindre l’importation de produits associés à la déforestation. Cette mesure, qui pourrait avoir des conséquences économiques pour les pays exportateurs de bois comme le Cameroun, renforce encore la nécessité de respecter les standards de durabilité et de légalité.
Conséquences Économiques sur le Cameroun
En 2023, les exportations de bois et produits dérivés ont généré environ 573,2 milliards de Fcfa pour le Cameroun, dont 107,2 milliards de Fcfa provenaient du marché européen, représentant 53,8 % des exportations de bois scié. La dénonciation de l’accord par l’UE pourrait entraîner une augmentation des contrôles sur les produits camerounais à leur entrée en Europe, compromettant une part importante des exportations.
Pour compenser, le Cameroun pourrait chercher à renforcer ses relations commerciales avec d’autres régions, notamment l’Asie, vers laquelle une part croissante des exportations de bois camerounaises a déjà été redirigée ces dernières années. Toutefois, cette situation dilue l’intérêt économique de l’APV et de l’autorisation Flegt, selon les experts de l’UE.
Réactions Mixtes au Cameroun
Plusieurs acteurs de la filière bois préfèrent rester discrets sur la décision de l’UE, qu’ils attribuent à des considérations géopolitiques. Un membre du Groupement de la filière bois du Cameroun (Gfbc) souligne que, malgré les critiques, le Cameroun avance « à son propre rythme ». Il défend la légitimité des petits titres d’exploitation qui sont en vigueur dans le pays, expliquant que ces titres permettent d’assurer la disponibilité de bois pour les besoins locaux.