Les actes de corruption et infractions similaires ont coûté à l’État camerounais 114 milliards de Fcfa en 2023, soit une augmentation de 2 378,2% par rapport aux 4,6 milliards de Fcfa de pertes en 2022. Il s’agit de la perte financière la plus élevée enregistrée depuis 2019, selon le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac), Dieudonné Massi Gams, qui a présenté ces chiffres le 27 septembre 2024 à Yaoundé.
Augmentation Dramatique des Pertes Financières
La progression des pertes dues à la corruption est alarmante. En 2019, les pertes se chiffraient à 10,2 milliards de Fcfa, avant de passer à 17 milliards en 2020, puis 43,9 milliards en 2022. En 2023, la montée en flèche des pertes démontre une défaillance continue dans la lutte contre la corruption, malgré les mesures préventives mises en place. Dieudonné Massi Gams a d’ailleurs déclaré que, malgré les efforts déployés, « la corruption continue de faire des ravages dans notre société ».
Dénonciations et Révélations
En 2023, la Conac a enregistré 7 588 dénonciations, une augmentation de 6,45% par rapport aux 7 061 dénonciations de l’année précédente. Ces rapports ont été faits par des citoyens par voie électronique et par courrier administratif, reflétant une prise de conscience accrue des citoyens, mais aussi l’ampleur du problème. Le préjudice financier découle principalement des enquêtes menées par la Conac, des décisions du Tribunal criminel spécial (TCS), et du Conseil de discipline budgétaire et financière.
Montant Recouvré
Malgré l’énormité des pertes, une partie des fonds a pu être récupérée. 8,5 milliards de Fcfa ont été recouvrés en 2023 :
- 1,47 milliard de Fcfa a été restitué par le Tribunal criminel spécial.
- 7 milliards de Fcfa ont été récupérés par la Société de recouvrement des créances.
De plus, des responsables d’institutions telles que la Caisse de prévoyance sociale (Cnps) et la Société immobilière du Cameroun (SIC) ont été mis en débet pour un montant de 6,1 milliards de Fcfa, et des dommages et intérêts à hauteur de 38,5 milliards de Fcfa ont été prononcés au bénéfice de l’État.
Bilan et Perspectives
Créée par décret présidentiel le 11 mars 2006, la Commission nationale anti-corruption (Conac) a pour mission de contrôler l’exécution des projets et de proposer des mesures pour éliminer la corruption dans tous les services publics et parapublics. Cependant, 18 ans après sa création, les chiffres montrent que l’objectif est loin d’être atteint, la corruption continuant de peser lourdement sur les finances de l’État et les aspirations de développement du pays.