L’Afrique du Sud a récemment modifié ses directives concernant l’édition génétique, permettant désormais des recherches sur la modification des embryons humains. Cette décision marque un tournant, mais soulève des questions éthiques et des inquiétudes sur les implications mondiales de telles pratiques.
Principaux changements dans les directives
L’Afrique du Sud a franchi un cap significatif en révisant ses directives sur l’édition du génome humain héréditaire. Ces nouvelles règles autorisent explicitement la recherche visant à créer des enfants génétiquement modifiés, en particulier pour prévenir des troubles génétiques graves et renforcer la résistance aux maladies. Parmi les changements notables, on trouve :
• La possibilité de modifier génétiquement des embryons humains dans le cadre de recherches.
• L’ouverture à des applications cliniques potentielles de l’édition génétique héréditaire.
• L’accent mis sur la prévention de troubles génétiques graves et l’amélioration de la résistance aux maladies.
Cette évolution marque un tournant pour l’Afrique du Sud, qui pourrait se positionner comme un leader mondial dans ce domaine, bien que certains experts, comme Françoise Baylis et Katie Hasson, expriment leur surprise face à cette décision. La manière dont ces directives seront mises en œuvre et surveillées reste une question clé, au moment où la communauté internationale observe les développements dans ce secteur éthique et scientifique complexe.
Contexte mondial et implications
Cette décision sud-africaine contraste fortement avec la position mondiale dominante, puisque plus de 70 pays interdisent l’édition du génome humain. Ce revirement sud-africain pourrait modifier les dynamiques de la collaboration scientifique internationale et redéfinir les régulations futures en matière d’édition génétique. L’attention internationale est portée sur la manière dont l’Afrique du Sud naviguera dans ce paysage scientifique et éthique.
Les experts soulignent les risques de fragmentation du cadre éthique et réglementaire mondial, mettant en garde contre la possibilité d’un “tourisme médical” vers l’Afrique du Sud pour ces procédures. Un tel développement pourrait semer la confusion sur les normes internationales en matière d’édition du génome, avec des pratiques divergentes d’un pays à l’autre.
Applications potentielles de l’édition du génome
Les applications envisagées en Afrique du Sud concernent principalement la prévention des troubles génétiques graves et l’amélioration de la résistance aux maladies. Parmi les objectifs :
• L’élimination des conditions héréditaires causant des souffrances ou une mortalité précoce.
• L’augmentation de la résistance aux maladies, notamment le VIH/SIDA, toujours un problème majeur de santé publique en Afrique du Sud.
• La possibilité de corriger des facteurs génétiques contribuant aux disparités de santé en Afrique.
Cependant, ces objectifs thérapeutiques soulèvent des préoccupations sur la dérive potentielle vers des “bébés sur mesure” et des améliorations génétiques non nécessaires. Le flou dans la distinction entre traitement et amélioration pourrait ouvrir la voie à des applications plus controversées à l’avenir, rendant nécessaires des régulations plus strictes.
Préoccupations et controverses
L’autorisation de l’édition génétique héréditaire en Afrique du Sud a été accueillie par de vives critiques et soulevé des débats éthiques. L’un des principaux points de discorde réside dans la possibilité de créer des “bébés sur mesure”, ce qui pourrait aggraver les inégalités sociales et poser des questions sur l’utilisation non éthique de ces technologies.
L’absence de limites claires entre traitements médicaux et améliorations génétiques a fait craindre des dérives, notamment la création de différences génétiques artificielles. Les experts alertent aussi sur les conséquences potentielles des modifications génétiques à long terme, notamment des effets imprévus et les risques de transmission de modifications génétiques non intentionnelles à travers les générations.
D’autres préoccupations portent sur la sécurité des procédés, notamment les risques d’effets hors cible, ainsi que la possibilité d’introduire de nouvelles formes de discrimination, fondées sur le patrimoine génétique des individus. L’Afrique du Sud se trouve donc à un carrefour crucial où elle doit équilibrer les avancées scientifiques et la prise en compte de ces dilemmes éthiques, tout en surveillant l’évolution de la situation à l’échelle mondiale.