Une nouvelle génération d’influenceurs fait son apparition sur les réseaux sociaux : des avatars créés par l’intelligence artificielle qui interagissent avec les abonnés et font la promotion de produits, tout en suscitant des questions sur l’authenticité et l’éthique.
Les réseaux sociaux ont vu émerger un phénomène surprenant en 2024 : des influenceurs virtuels, des personnages entièrement créés par l’intelligence artificielle (IA). Ces avatars, souvent suivis par des milliers de personnes, font la promotion de produits, participent à des événements et interagissent avec leurs abonnés – tout en n’étant absolument pas humains.
Un exemple marquant en France est Anne Kerdi, un personnage virtuel qui anime un compte Instagram depuis mars 2023. Avec ses 11 000 abonnés, elle fait la promotion de la Bretagne, rédige ses propres publications, génère ses vidéos et répond aux commentaires de ses abonnés, sans jamais être réelle. Son créateur, Sébastien, 37 ans, à la tête d’une entreprise spécialisée en IA à Brest, explique que ses abonnés sont bien conscients qu’Anne Kerdi est une IA et que l’objectif est d’être transparent.
Un avatar avec des opinions, mais contrôlées
Anne Kerdi participe activement à des partenariats, notamment pour des œuvres environnementales et culturelles, mais elle ne reçoit pas encore de rémunération pour ses interventions. Sébastien précise que l’IA rédige elle-même ses posts, mais il vérifie minutieusement tout le contenu pour éviter toute désinformation. “C’est elle qui répond, mais je contrôle tout”, explique-t-il. L’objectif n’est pas de tromper les abonnés, mais de garantir que le contenu soit fiable et pertinent.
Un personnage façonné sur mesure
En ce qui concerne l’apparence de son avatar, Sébastien a opté pour un visage féminin, un choix motivé par la fluidité et la flexibilité de ce type de représentation. Il a défini des critères pour l’âge et l’apparence afin d’éviter les questions personnelles que pourrait susciter un avatar plus humain. Il précise que, bien que d’apparence humaine, Anne Kerdi n’a ni émotions, ni sentiments : “Une machine n’a pas de sentiment, donc elle n’a pas de vie personnelle.”
L’IA, un outil au service des influenceurs ?
Même si Anne Kerdi n’a pas encore de modèle économique direct, Sébastien envisage son évolution vers un site web où elle pourra aider les touristes à organiser leur séjour en Bretagne. Il a également été contacté par des agences d’influenceurs, mais ne semble pas pressé de s’engager. Ruben Cohen, fondateur de l’agence Follow, exprime un point de vue nuancé sur l’avenir des influenceurs virtuels : “Un influenceur IA, c’est un personnage taillé sur mesure, mais il n’a pas de vécu ni de ressenti.”
L’humain : la clé de l’influence
Pour Ruben Cohen, la véritable force des influenceurs humains réside dans leur authenticité. “La base de l’influence, c’est l’humain”, insiste-t-il, soulignant que l’identification des abonnés avec un créateur de contenu réel est ce qui rend l’influence efficace. Cependant, il reconnaît que l’IA pourrait offrir un avantage considérable en termes de productivité, notamment avec la gestion du temps : une IA pourrait répondre à toute heure, ce qu’un être humain ne peut pas faire.
L’IA : un outil de productivité pour les influenceurs
Dans un secteur où l’activité d’influenceur est particulièrement chronophage, l’IA pourrait offrir une solution en permettant une interaction continue avec les abonnés, sans les contraintes de temps. Cela pourrait transformer les pratiques de l’influence en rendant les réponses instantanées et en améliorant la rentabilité. Toutefois, la question demeure : les abonnés accepteront-ils de se laisser influencer par des avatars créés par ordinateur ?