Des experts en développement économique et social se réunissent à Yaoundé pour discuter des stratégies d’accélération de la diversification économique à travers l’innovation en Afrique centrale et de l’Est, lors de la troisième session du Comité intergouvernemental de la CEA programmée du 15 au 18 Octobre 2024.
Un Débat Crucial sur la Diversification Économique
Depuis le 15 octobre, Yaoundé accueille la troisième session conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts de l’Afrique centrale et de l’Est, sous l’égide de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Ces assises, qui se déroulent sous le thème « Mise en œuvre rapide des solutions de recherche et d’innovation pour accélérer la diversification économique », sont l’occasion pour les experts et responsables de discuter des défis économiques et des solutions réalistes à adopter pour propulser le développement en Afrique.
Le ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, a ouvert les travaux en insistant sur l’importance de renforcer l’intégration de la recherche et de l’innovation dans les stratégies économiques. Selon lui, les défis liés à la recherche — comme le manque de financement, la fuite des cerveaux, ou encore la faible implication du secteur privé — doivent être traités en priorité pour permettre une industrialisation durable du continent.
Des Économies Vulnérables, Fortement Dépendantes
Les économies de l’Afrique centrale restent fortement dépendantes des matières premières, en particulier du pétrole, comme l’a rappelé Jean Luc Mastaki, directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA. Il a souligné que 70 % des exportations de la zone CEMAC reposent sur ce produit unique, exposant ainsi les pays à des vulnérabilités macroéconomiques. Pour lui, la recherche et l’innovation sont les moteurs indispensables pour sortir de cette dépendance en créant des produits plus élaborés et compétitifs.
Jean Luc Mastaki : « La recherche, qu’elle soit publique ou privée, permet de créer de nouveaux produits, promouvoir de nouvelles opportunités de production avec des produits plus élaborés et compétitifs. La recherche est cruciale. »
Le débat met donc en lumière la nécessité pour les pays d’Afrique centrale de réorienter leurs économies vers des secteurs plus diversifiés et résistants aux chocs économiques, avec l’aide de l’innovation technologique.
L’Innovation : Un Outil Clé pour le Développement
Au cours des discussions, Adama Ekberg Coulibaly, économiste en chef au Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, a insisté sur le fait que l’innovation est le fruit d’une planification stratégique et d’investissements conséquents. Il a souligné l’importance de combler l’écart entre les pays d’Afrique centrale et d’autres régions africaines en matière de technologies innovantes.
Adama Ekberg Coulibaly : « Il est temps d’évaluer les progrès réalisés en matière de sciences technologiques et d’innovation. Le bilan montre un écart significatif entre les pays de l’Afrique centrale et les autres parties du continent. Cet écart doit être corrigé. »
L’économie numérique a été présentée comme l’un des leviers les plus prometteurs pour la diversification économique. Les discussions ont mis l’accent sur le besoin de créer des infrastructures adaptées pour soutenir la transition vers cette nouvelle économie, tout en formant les chercheurs et techniciens locaux aux enjeux contemporains.
Propositions et Perspectives
Face à ces défis, les experts ont formulé plusieurs pistes de solutions pour accélérer la diversification économique :
• Augmentation des investissements dans la recherche et développement.
• Réforme des systèmes éducatifs pour mieux former les chercheurs et techniciens.
• Collaboration accrue avec le secteur privé pour soutenir les innovations locales.
• Renforcement des droits de propriété intellectuelle pour encourager l’innovation.
• Infrastructures numériques pour favoriser le développement de l’économie numérique.
L’objectif est de promouvoir une industrialisation qui s’appuie sur l’innovation, et de permettre ainsi aux pays de la sous-région de sortir de leur dépendance aux matières premières en diversifiant leurs sources de revenus.
La session de Yaoundé représente une opportunité cruciale pour les pays d’Afrique centrale et de l’Est de repenser leur modèle économique en misant sur l’innovation et la recherche. Les recommandations issues de ces assises pourraient tracer la voie vers une croissance économique durable et une meilleure résilience face aux crises économiques à venir.