Le président ivoirien Alassane Ouattara a pris une décision inédite en dissolvant par décret toutes les associations syndicales d’élèves et étudiants. Cette mesure vise à restaurer la sécurité et l’ordre sur les campus, mais suscite des inquiétudes quant à l’avenir de la représentation étudiante en Côte d’Ivoire.
Une décision radicale pour restaurer l’ordre sur les campus
Le 30 octobre dernier, lors d’un Conseil des ministres, le président Alassane Ouattara a signé un décret dissolvant toutes les associations syndicales d’élèves et étudiants en Côte d’Ivoire. Cette décision, annoncée par le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, met fin à des décennies de présence syndicale dans les milieux scolaires et universitaires.
Le décret a été motivé par les violences et dérives observées au sein de ces associations, notamment l’accumulation d’armes blanches et l’escalade des affrontements sur les campus. Cette mesure vise à protéger l’ordre public, la sécurité, et la cohésion sociale dans les établissements éducatifs.
Un contexte marqué par des incidents violents
La dissolution des syndicats étudiants s’inscrit dans un contexte de violences répétées, dont la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) est l’un des principaux protagonistes. Ces dernières années, cette organisation était régulièrement accusée d’intimidation et de contrôle agressif sur les campus. Un incident tragique, impliquant le meurtre d’un responsable étudiant, a d’ailleurs contribué à précipiter cette décision du gouvernement.
Selon le ministre Amadou Coulibaly, les opérations d’assainissement menées dans les résidences et cités universitaires ont révélé la présence d’armes, posant un risque majeur pour les étudiants et le personnel. “L’opération a permis de découvrir de nombreuses armes blanches utilisées pour commettre des crimes et semer le désordre”, a-t-il déclaré.
Inquiétudes sur la représentation étudiante et l’avenir des droits des élèves
Si la décision gouvernementale vise à stabiliser l’environnement éducatif, elle soulève néanmoins des préoccupations parmi les étudiants, qui craignent de perdre leur droit à la représentation. Certains estiment que cette mesure prive les élèves et étudiants de leur voix pour défendre leurs droits et leurs intérêts dans un cadre organisé. Ces inquiétudes pointent vers une question cruciale : comment les étudiants pourront-ils désormais s’organiser pour exprimer leurs revendications légitimes ?
Amadou Coulibaly a indiqué que le gouvernement envisage des alternatives pour offrir aux étudiants un espace de représentation, sans donner davantage de précisions. Il s’agira de trouver des solutions permettant aux jeunes de s’exprimer de manière constructive, sans recourir à des pratiques violentes ou illégales.
Vers une nouvelle ère pour les organisations étudiantes en Côte d’Ivoire ?
La dissolution des syndicats étudiants marque un tournant dans le paysage éducatif ivoirien, et pourrait être l’occasion de repenser le rôle et le cadre d’organisation des associations scolaires et universitaires. Le défi pour le gouvernement sera d’assurer un équilibre entre la préservation de l’ordre et la liberté d’expression des élèves et étudiants, en mettant en place des structures légales et sécurisées.
George LIKENG (Stagiaire)